Le 11 septembre et ses dérives à échelle d’homme. Edifiant.
Still Moments de Zighen Aym
Zighen Aym a été embarqué par Ie FBI alors, qu’innocemment, il prenait quelques photos amateur à priori tout à fait innocentes. Son interpellation, Ie fait qu’il ait été considéré comme suspect, l’ont passablement ébranlé.
Le 11 septembre était passé par là et le délit de faciès remis à jour. Celui-ci Iui a rappelé de mauvais souvenirs, identiques, quand, en Algérie, à Béjaia, iI avait photographié des installations au port de Béjaia.
Dans un court fascicule, Zighen Aym se met à jour: il avait quitté l’Algérie et cru échangé un cauchemar contre le rêve américain. Las, gratter le vernis et tous les pays du monde se ressemblent: au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable : Pourtant, l’Algérie n’a pas eu toujours mauvaise presse. En janvier 1981, après Ia libération des otages américains a Téhéran, Zighen Aym est félicité par un Américain après le rôle actif pris par l’Algérie pour aider à Ia conclusion de cette épineuse affaire.
Good job “ lui fait remarquer un ami. Zighen Aym est étonné: “I did not do anything to release them.”
En vingt ans, les choses ont change. L’Algérie a plongé, des février 1992, dans Ia violence. Les télévisions du monde entier relaient des images d’horreur. Partout dans le monde, les Arabes sont suspects et les Kabyles avec:
“The question “Where are you from?“ has discomfited me”
Une autre Amérique se révèle et dévoile son coté sombre, suspicieux, paranoïaque. Après Ie 11 septembre 2001, chaque Arabe est présumé coupable jusqu’à preuve du contraire. Des suspects, sur simple présomption, sont jetés en prison, oubliés. En Amérique, au pays des droits de l’homme et de l’égalité pour tous. Et ce mythe tenace qui continue, malgré l’évidence, de faire fantasmer chacun et chacune a les mêmes chances de grimper jusqu’au sommet et le droit au bonheur un droit constitutionnel.
Frappés au coeur, las Etats-Unis d’Amérique réagissent, serrent les boulons. Big brother is watching you. Zighen Aym, photographe amateur, qui porte sa Kabylie natale au coeur et qui a fui Charybde retombe en Scylla. Le régime policier est partout et les rêves se font bousculer par Ia réalité. Le flash back qui s’ensuit est une sorte de thérapie. Zighen Aym se vide le coeur, se rappelle de douleurs intenses: Ia mort de sa belle soeur de 19 ans dans un attentat à Ia bombe, l’avènement du FIS, les évènements de Kabylie, tout cela vus à travers Ie verre grossissant de l’éloignement qui ajoute angoisse au stress.
Still Moments apporte sa pierre à Ia compréhension des choses. Un regard jeté dans le rétroviseur, une projection dans le futur. Désormais, les choses sont plus claires. II n’y a nul Paradis sur terre. Zighen Aym ne se fait plus d’illusions. Ce qui ne veut pas dire qu’il a abandonné tout espoir.
Mustapha Chelfi
Journal Alpha No.80, Octobre 2005, page 34, Montréal, Canada